Profitons encore de la douceur du mois de septembre pour arpenter les sentiers sinueux du Jardin des Plantes de Niort en nous intéressant de plus près à l’histoire de ce parc bordé par la Coulée Verte et inscrit dans le projet de création de parc naturel urbain de la Sèvre niortaise.

À l’origine, ce jardin en terrasses est établi sur l’ancien coteau de la Bigotterie qui appartient au XVIème siècle à Jacques Yver, seigneur de la Bigotterie et de Plaisance, poète et auteur du « Printemps » en 1572.

Dans les années 1770, le maire Matthieu Rouget de Gourcez fait construire par ses ateliers de charité* le mur** qui supporte la terrasse, créant ainsi « la promenade Saint-Gelais », large avenue longeant l’école de cavalerie (actuel centre Duguesclin). Ce lieu de flânerie prisé des Niortais, bordée de deux rangs d’arbres commençant place de Strasbourg pour finir au belvédère, est supprimé en 1793 par le général Macors. Ne demeure de nos jours que la terrasse ombragée surplombant la Sèvre Niortaise.

En 1783, année du Traité de Versailles consacrant la victoire de Lafayette aux côtés des insurgents d’Amérique, une montgolfière est lancée depuis l’esplanade par les élèves de l’Oratoire***.
*Établissements de travail libre destinés aux ouvriers que les moments de crise ou de misère laissent temporairement sans ressources ; ici, en l’occurrence des chamoiseurs au chômage.
**Ce grand mur, mesurant 200 m. de long, 5 de haut et dont la date de création « 1772 » est inscrite dans la pierre, reçoit le nom de « Malgagne », car il fut long à élever en raison d’une mauvaise surveillance des travaux et du travail lent des nombreux ouvriers.
***Qui précède le collège Fontanes.

Alex Giraud

La ville acquiert en 1847 le domaine afin de le destiner aux habitants de ce quartier éloigné du jardin de la Brèche en y plantant sur 3,4 hectares des essences d’arbres diverses entre lesquelles serpentent jusqu’à la Sèvre des allées en lacets. Aujourd’hui, 60 % des arbres sont représentés par trois espèces : l’if, l’érable sycomore et le marronnier. Un hêtre pourpre, arbre classé « remarquable » à l’échelle locale, complète cet herbier géant.
Ce petit parc classique est agrémenté d’un décor rustique de balustrades en faux bois* caractéristique du Second Empire ; le maçon rocailleur a créé ainsi un paysage géologique imitant la nature : rochers et cascades artificiels, rambardes et passerelles en faux bois, vasques en forme de souche.

Musée d’Orsay, fonds Debuisson

À la fin du XIXème siècle, ses allées basse et haute sont ornées de plusieurs statues : « Le Réveil », marbre blanc de Baptiste Baujault ; « Triptolème enseignant l’agriculture », marbre de Léon-Charles Fourquet ; « Une esclave pendant la vente », marbre de Léon Pilet et « L’Enfance de Bacchus », bronze d’Amédée-Donatien Doublemard. Taguées au début des années 1990, elles sont actuellement conservées aux musées de Niort Agglo à l’exception du bronze fondu sous le régime de Vichy en 1942. Depuis 2014, après rénovation, seul « Triptolème » trône dans le jardin du musée Bernard d’Agesci.
*Fils de fer recouverts de ciment armé ; la pierre liquide étant préférée aux lourds blocs de pierre à tailler et assembler.

niort-voirsavilleautrement.over-blog.com

La Ville de Niort a entamé un long travail de requalification du jardin historique inscrit dans le projet de création de parc naturel urbain de la Sèvre niortaise. Ce chantier a déjà débuté par la restauration de murets de soutènement, l’engazonnement de la terrasse en calcaire sur la partie supérieure du jardin, la suppression des troncs de marronniers susceptibles d’emporter la berge dans leur chute, le traitement biologique contre la pyrale du buis (chenille dévastatrice) et se poursuivra par la rénovation des garde-corps en faux bois, la refonte en promenade de l’allée basse (aménagement doux pour piétons et cyclistes) et la réfection de la passerelle du Pré-Leroy.
À terme, le Jardin des Plantes sera rebaptisé « le Jardin des Explorateurs » ; le nom d’un navigateur ayant ramené des végétaux utiles à son pays (Jean-François de La Pérouse, André Thouin) sera donné à chaque espace afin de redonner son utilité pédagogique à cet ancien jardin botanique.

Jean-Michel Dallet

Cette balade bucolique s’achève au pied de la sculpture en pierre du XIXème siècle représentant à mi-coteau un lion et une lionne tenant un écu. Le mystère est encore entier sur sa provenance. D’ailleurs, je suis preneur si vous avez la moindre once d’informations.
Histoire de brouiller les pistes ou juste pour le clin d’œil, quatre Lions Clubs niortais ont financés en 2017 la plantation, près de nos fauves, de neuf arbres de collection (cerisiers à fleurs du Japon et de Chine, copalme d’Amérique et aulne hybride) !

Alex Giraud

Rassasions notre avidité de nature en profitant également ce week-end des Journées du Patrimoine qui proposent, entre autres, un atelier à Niort intitulé “Le jardin au début de l’automne” et une balade nature au Vanneau-Irleau sur la chalarose, un parcours de 5 km pour observer les symptômes de cette maladie, poser toutes les questions inhérentes et découvrir les nouvelles plantations.

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