Détail de l'itinéraire
Description
Les années sombres – La persécution des Juifs
Distance :6,3 km
Votre itinéraire
Étape 1 : Feldkommandantur, commandement militaire allemand pour les Deux-Sèvres, 10 Place du Temple.

La Feldkommandantur fait appliquer par l’administration française les ordonnances allemandes organisant la persécution des Juifs en zone occupée : 27/09/1940 : définition du Juif, recensement des personnes ; 18/10/1940 : recensement des entreprises en vue de leur spoliation ; 26/04/1941 : nouvelle définition et interdictions professionnelles ; 13/08/1941 : confiscation des radios ; 11/02/1942 : couvre-feu entre 20h et 6h du matin et interdiction de changer de résidence ; 24/03/1942 : nouvelle définition du Juif ; 29/05/1942 : étoile jaune ; 08/07/1942 : interdiction de fréquenter les établissements ouverts au public (cafés, restaurants, salles de spectacle, monuments historiques…), les manifestations sportives, les parcs, jardins, campings, cabines téléphoniques ; magasins accessibles seulement entre 15 et 16 h.
Étape 2 : Préfecture, 4 rue Duguesclin, application de la politique antisémite de Vichy et des Allemands.

Les préfets font appliquer les mesures de persécutions prises par le régime de Vichy. 03/10/1940 qui doublent ou complètent les ordonnances allemandes : 1er statut des Juifs (définition du Juif et interdictions professionnelles) ; 19/10/1940 : recensement des Juifs en zone occupée ; 30/10/1940 : recensement des biens en zone occupée ; 21/10/1940 : application du statut à l’enseignement ; 02/06/1941 : 2d statut : nouvelle définition élargie et nouvelles interdictions professionnelles ; 09/07/1941 : contrôle des déplacements ; 16/07/1941 : numerus clausus pour les avocats (2% de Juifs) ; 22/07/1941 : “aryanisation” (spoliation) des biens ; 11/08/1941 : numerus clausus pour les médecins (2% de Juifs) ; 10/02/1942 : interdiction des changements de noms. Organisation des rafles ordonnées par les Allemands : 09/10/1942 : Juifs étrangers ; 31/01/1944 : Juifs français.
Étape 3 : La communauté juive de Niort, rue de la Juiverie

Les Allemands ordonnèrent de débaptiser la rue de la Juiverie qui indique l’emplacement de l’ancien quartier juif au Moyen Âge. Cette communauté disparut avec l’expulsion des Juifs du royaume par Philippe le Bel en 1306. Après la Révolution française qui accorda l’égalité des droits et la citoyenneté aux Juifs, une communauté se reconstitua. D’après le recensement de 1940, 273 Juifs se trouvaient réunis à Niort : 160 y résidaient avant la guerre (dont un ministre officiant sacrificateur, indice d’une communauté organisée), 44 s’y étaient réfugiés lors de l’exode, et 51 avaient été refoulés de Vendée en Deux-Sèvres par les Allemands. Le nombre total diminua rapidement, en raison de la mobilité des Juifs quittant Niort dès la fin de 1940 pour d’autres localités et pour la zone sud en 1942 après les premières grandes rafles. Celles-ci décimèrent la communauté.
Étape 4 : Domicile de la famille AJZENSZTEJN, 5 Rue du Soleil, arrêtée le 9 octobre 1942

Les parents, Meilich et Frajda, nés en Pologne, s’installent à Sedan (Ardennes) où le père est mouleur. Deux fils naissent, Bernard en 1932 et Maurice en 1938. Réfugié à Niort, le père devient marchand forain. Lors de la rafle du 9 octobre 1942 par la police niortaise, les parents, malades, sont hospitalisés. Le père est transféré à l’Hôtel Dieu de Poitiers puis à Drancy le 6 mai 1943. Il est déporté sans retour dans le convoi 73 parti le 15 mai à destination de Kaunas (Lituanie)-Reval (Tallin, Estonie). La mère, hospitalisée en psychiatrie à Niort, survécut. Les enfants, recueillis par Maxime Rousseau et son épouse (33 rue Victor Hugo) en octobre 1942, arrêtés le 31 janvier 1944, sont déclarés intransportables par le Dr Marboeuf, mais la contre-visite du Dr P. autorise leur transfert à Poitiers en mai 1944. Ils échappent à la déportation en raison de la désorganisation des transports.
Étape 5 : Magasin Léon (auj H&M), 44 Rue Victor-Hugo, spolié ("aryanisé») sous l'Occupation

Ce magasin de confection était la propriété de la famille Léon, d’origine juive, dont le patronyme orne toujours la façade. Henry Daniel Léon, parti à Londres, y mourut le 26 juillet 1944. Étaient présents à Niort, la mère, Rachel Juliette née Astruc, et ses enfants, Micheline, Nicole, Monique et Jeannine. Les trois plus jeunes étaient inscrites au Lycée de Jeunes Filles Jean Macé. Leur domicile du 12 avenue Alsace-Lorraine ayant été confisqué par la Sipo-SD, ils vivaient 65 rue Gambetta. En 1942, l’entreprise était en cours d’aryanisation. Le 26 juillet 1942, le préfet informa la Sipo-SD que la famille avait pris la fuite. Elle fut arrêtée à La Rochefoucauld (Charente) en tentant de franchir la ligne de démarcation. Rachel et ses filles furent internées à Poitiers puis transférées à Drancy en 1943. Elles échappèrent à la déportation et furent libérées le 18 août 1944.
Étape 6 : Domicile de Friedel KOENIGSBERG, 4 Rue Barbezière arrêtée le 19 novembre 1941

Il y eut 16 arrestations isolées de Juifs par les Allemands parmi lesquels celle de Friedel Kœnigsberg, 22 ans, vendeuse, de nationalité allemande, née à Berlin le 19 mai 1920, domiciliée 4 Rue Barbezière à Niort. Elle est arrêtée par la Feldgendarmerie le 19 novembre 1941 pour ne pas s'être conformée aux instructions de la Kreiskommandantur de Niort (lettre de la FK 605 de la Roche-sur-Yon au préfet des Deux-Sèvres). Elle est incarcérée à la maison d'arrêt de Niort avant d'être transférée au camp de Poitiers (arrêté du préfet des Deux-Sèvres du 5/12/1941 ordonnant son transfert). Elle est déportée sans retour par le convoi n° 8 parti d’Angers le 20 juillet 1942 vers Auschwitz-Birkenau sans transit par Drancy. Sur 879 déportés, hommes, femmes et enfants, il n’y eut que 17 survivants.
Étape 7 : Domicile de la famille FLAMHOLC, 56 Rue Gambetta, arrêtée le 9 octobre 1942

La famille Flamholc, d’origine polonaise, quitte Douai (Nord) lors de l’exode pour se réfugier à Niort, 54 rue Gambetta. Le père, Lejbusz, est tailleur d’habits. Avec son épouse Cyrla, ils ont deux enfants, David né en Pologne en 1924 et Louise née à Paris en 1934. Lejbusz travaille chez un tailleur de la rue Saint-Gelais. En juin 1942, ils reçoivent l’étoile jaune. Le 9 octobre 1942, David et ses parents sont arrêtés par la police, transférés à Drancy et déportés sans retour à Auschwitz par le convoi n° 42 du 6 novembre 1942. Louise est recueillie par la famille Raud, 54 rue Gambetta. Arrêtée le 31 janvier 1944 bien que souffrante, le certificat médical n’ayant pu être présenté, conduite à l’hôpital, elle est vite transférée rue des Trois Coigneaux, puis à Drancy le 2 février avant d’être déportée par le convoi n° 75 du 30 mai 1944 et, âgée de 10 ans, gazée à son arrivée à Birkenau.
Étape 8 : Domicile de la famille VOLLMANN-FLIGELMAN, 251 avenue de La Rochelle, arrêtée le 9 octobre 1942

Maximilien et Sabina Vollmann, Richard et Louise Fligelman, leurs neveu et nièce orphelins, natifs de Pologne, ont trouvé refuge en 1940 aux Sables-d’Olonne. Expulsés par les Allemands, ils s’installent à Saint-Florent. Richard obtient le 1er prix du Concours général de latin en 1942, remis par Jean Allard, professeur de latin à Paris, originaire de Niort. Le 9 octobre 1942, Juifs polonais, arrêtés par les gendarmes de Niort, ils sont transférés à Drancy. Maximilien et Sabina sont déportés sans retour à Auschwitz par le convoi n° 42 le 6 novembre 1942. Richard et Louise sont placés au centre Lamarck, (Paris, XVIIIe arr.) un foyer de l’Union générale des Israélites de France (UGIF), à la disposition des Allemands. Richard est déporté sans retour par le convoi n° 53 du 25 mars 1943 à destination de Sobibor. Le couple Allard sauve Louise. Ils seront faits Justes parmi les Nations.
Étape 9 : Site du rassemblement des Juifs raflés en Deux-Sèvres le 31 janvier 1944, 92 rue des Trois Coigneaux

Les Juifs raflés en Deux-Sèvres dans la nuit du 31 janvier 1944 par des policiers et des gendarmes français sont regroupés dans les locaux d’une manufacture de chaussons. Ils sont au nombre de 70 contre 108 prévus. Dix, hospitalisés, sont déclarés intransportables par des médecins, notamment le Dr. Marboeuf. Deux enfants, Michel et Maurice Hagouel, parviennent à s’évader du dépôt avec l’aide de M. et Mme Poteau, oncle et tante, et la bienveillance du brigadier de police Maurice Gendreau et du gardien de la paix Aimé Maindron. Ils furent tous les deux sanctionnés disciplinairement par le commissaire de police Jean Ligné, sanctions aussitôt aggravées par l’intendant régional de police Jean-Marie Lemoine. 58 sont transférés au camp de Poitiers le 2 février par le train de 15h30, puis à Drancy le 3 février 1944 et déportés le 10 février par le convoi n° 68 à Auschwitz-Birkenau.
Étape 10 : Stèle à la mémoire des Juifs arrêtés en Deux-Sèvres et déportés, 189 rue des Trois-Coigneaux

Cette stèle à la mémoire des Juifs arrêtés dans les Deux-Sèvres entre 1941 et 1944 et déportés fut inaugurée le 3 février 2012. Elle est située à proximité du 92 rue des Trois Coigneaux, emplacement d'une manufacture de chaussons aujourd’hui disparue, centre de transit des Juifs des Deux-Sèvres raflés le 31 janvier 1944. La liste comporte 143 noms dont ceux de 33 enfants âgés de 3 à 14 ans. Une nouvelle stèle actualisée verra bientôt le jour, et 153 noms y seront inscrits, dont 78 habitaient Niort. L’extermination des Juifs d’Europe, appelée aujourd’hui la Shoah, a été décidée et perpétrée par les nazis, mais les rafles en Deux-Sèvres (9/10/1942 et 31/01/1944) furent accomplies par les autorités de l’État français. Si les Allemands ont arrêté 16 Juifs, 137 le furent par la police et la gendarmerie françaises. Il y eut quatre survivantes, dont Ida Fensterszab [Grinspan] (1929-2018).
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