L’Office de tourisme Niort Marais poitevin – Vallée de la Sèvre niortaise propose des informations pratiques pour réserver et organiser son séjour à Niort et dans le Grand Site de France du Marais poitevin. Gites, hôtels, chambres d’hôtes, campings… venez vous ressourcer au calme, au fil de la Sèvre niortaise et de ses châteaux. Balade en barque, à pied ou à vélo : partez à la conquête de la Venise Verte. Découvrez également les animations, les activités, les visites incontournables, les restaurants… pour bouger lors de vos prochaines vacances entre plaine et marais.
L’enfant « sauvage » du Pays maraîchin
Né à Niort en 1955 d’une mère catalane et d’un père, co-fondateur du festival international de peinture de Magné, le jeune Texier passe ses étés aux Sables-d’Olonne où ses parents tiennent un bazar et ses hivers dans le Marais poitevin, à La Garette.
La traite d'une vache en fin de journée est à l’origine à l’âge de 9-10 ans de sa vocation artistique. Le lait de deux bidons renversés par l’enfant sauvage du marais s’est mêlé aux eaux noires d'une conche formant comme une voie lactée. Ce tableau déclenche ainsi son envie de créer : « Je suis peut-être devenu sculpteur ce jour-là en pressant méthodiquement les tétines des vaches. Mes œuvres récentes doivent un peu à cette activité gélatino-érotique. Le mystère sensuel de la mécanique des fluides inspire toujours l’activité mentale des artistes ».
De même, la côte atlantique avec ses vagues, l’écume, l’estran et les tempêtes sous-tend son art. L’océan est un des thèmes centraux de son inspiration : « Ma peinture est une forme d’expressionnisme ésotérique, matière terrienne, lumière maritime ». Jusqu’en 1989, il utilise dans ses œuvres divers objets récupérés sur le littoral (zinc corrodé, bois flotté, fer rouillé, débris et fragments).
Après des études primaires à l’école Ferdinand Buisson de Niort, il découvre l’art en classe de sixième grâce aux Lagarde et Michard où un tableau d’Yves Tanguy, « Jour de silence », le conforte dans son appétit de peindre.
En 1967, il se passionne pour les expériences surréalistes et réalisent à 12 ans ses premières peintures dans le grenier de la maison familiale.
Après le Baccalauréat, il s’installe à Paris pour étudier l’architecture, fréquente les musées assidûment, découvre la peinture primitive et flamande et s’entiche de Victor Ségalen et Raymond Roussel.
Un ogre nomade
Richard Texier est un « traumatisé de l’espace » comme il aime à se définir. Son besoin de grands espaces terrestres de création rejoint le nomadisme dont il se réclame. Sa peinture parle du monde, du cosmos, de la difficulté de chacun à se repérer dans la complexité de l’univers : « Peindre, c’est brasser la matière du monde, c’est enfoncer deux mains dans la jarre de l’univers et chatouiller le mystère du monde ». La toupie, présente dans presque tous ses tableaux, incarne la mobilité de toute chose. De même, il utilise des « hiéroglyphes » dans certaines de ses toiles qui ressemblent à des cartes au trésor.
Cet artiste contemporain mondialement connu parcourt le monde avec ses œuvres. Il expose à New-York en 1983, Gijόn (Espagne) en 1987, Paris en 1992, Tokyo en 1993, Taïwan en 1994, Singapour en 2013, également à Bruxelles, Milan, Moscou, Shanghaï, Taïpai (Chine). Il figure dans de nombreuses collections privées (Europe, Etats-Unis, Japon) et collections publiques.
Il part pour les Etats-Unis en 1976, conserve à Paris un atelier jusqu’en 1983, découvre l’art brut, Dubuffet et Chaissac, visite Robert Tatin et Aristide Caillaud.
En 1977, l’artiste dispose d’un atelier à Magné, rencontre Jean Degottex, s’intéresse au Land Art, à Richard Long et Paul-Armand Gette.
Il rédige un an après sa thèse d’architecture « Constructions d’après nature », puis part à New-York, après l’obtention de son diplôme et croise Nam June Paik, Donald Judd et Joseph Beuys.
En 1981, il soutient sa thèse de doctorat d’arts plastiques, « Lune » et « Paysage », et obtient la mention « Très bien ».
Il aménage son second atelier sur la Butte-aux-Cailles, dans le XIIIème arrondissement de Paris, s’enthousiasme pour les travaux des premiers astronomes Apianus, Tycho Brahé et Galilée, visite Arman et Christo.
En 1985, il organise sa première exposition itinérante dans quatre musées français, rencontre Jean-Marie Del Mora et le Fonds national d’art contemporain de Paris acquiert pour la première fois une de ses œuvres.
Deux ans plus tard, son premier fils, Virgile. Par ailleurs, il tire ses premières gravures chez Jean-Pierre Pincemin.
Son second fils, Aristide, voit le jour en 1988.
En 1991, il adopte une technique plus sauvage, peint une suite d’œuvres sur isorel calciné et papier bitumé : matériaux qu’il maltraite, griffe et déchire.
Un an après, sont exposées pour la première fois à Paris ses sculptures composées d’objets mythiques en bois, en tôle rivetée, en bronze et en cordage de chanvre. Il tient aussi un atelier nomade au Pavillon de la Culture à Moscou.
Il réalise en 1994 sa première sculpture monumentale en bronze « Toupie nomade », puis, l’année d’après, « L’invention du monde, Machines à éclipses, Mécaniques à lorgner » (pièces murales et sculptures de petits formats avec des objets d’usage détournés, assemblés au bronze, plomb, bois et verre).
L’Etat français lui commande trois nouvelles tapisseries en 1996.
1999 voit la création d’un nouvel atelier sur l’île de Ré et une rétrospective de son œuvre organisée par la conservation des musées de Niort.
Il peint et séjourne à New-York en 2002.
Un an après, un atelier nomade de trois mois l’embarque au phare de Cordouan en tant que peintre officiel de la Marine.
Le 29 juin 2004, il est fait chevalier des Arts et des Lettres.
Il réalise cinq toiles (4 x 7 m.), l’une des plus importantes commandes de sa carrière, dans l’espace Encan de La Rochelle, pour une multinationale immobilière de Chine : une pour le musée et quatre pour un business center de 55 étages de Shanghai.
Est installé deux ans plus tard « l’Angel Bear », sculpture monumentale d’un ours ailé trônant devant la gare du Nord de Paris.
Les éditions Gallimard publient en 2017 sa première fiction « Le Grand M », une histoire d’amour entre François, professeur de littérature à l’université et Laure, productrice de documentaires et de fictions à la télévision, perturbée par le tableau « Le Grand Masturbateur » de Salvador Dali ; puis, « Zao » en 2018 sur son ami Zao Wou-Ki et l’année suivante, l’autobiographie « L’hypothèse du ver luisant » sur son enfance niortaise, « chaudron intérieur » : son grand-père Marcel, gardien du cimetière Ancien de Niort ; son grand-oncle Elie, violoneux vendéen ; son oncle Henri, guérisseur ou bien encore son chat « Carotte ».
Escapades sur ses terres niortaises
En 1988, l’Etat commande une tapisserie monumentale sur les Droits de l’Homme. Mécénée par les mutuelles d’assurances niortaises (Maif, Maaf et Macif), elle est inaugurée en 1989, à Aubusson, par François Mitterrand, lors du bicentenaire de la Déclaration universelle des Droits de l’Homme et du Citoyen. « La suite des Droits de l’Homme », à l’époque la plus importante commande de l’Etat passée à la manufacture royale d’Aubusson et la première œuvre tissée de l’artiste, comprend sept tapisseries dont le tissage est exécuté à la main par 67 maîtres-lissiers pendant sept mois. Exposées à Paris (Opéra Bastille, Arche de la défense, Assemblée Nationale, musée du Luxembourg), au musée Jacques Chirac à Saran et à Liège, elles sont aujourd’hui présentes à l’Hôtel de Ville de Niort pour quatre d’entre elles, à l’Assemblée Nationale, au Mobilier national et au musée départemental de la tapisserie d’Aubusson-Felletin pour les autres.
L’artiste est entré dans le texte juridique grâce à l’article 11 sur la communication et la libre circulation des opinions et des êtres. La trame de son œuvre est l’idée de fluidité, de légèreté et de mobilité en déchirant de grands lambeaux du texte trop fort, symbolique et fermé. Les titres des tapisseries sont libres et humoristiques : « De là-haut, on voit tout », « Bientôt tout va danser », « Les Rêves du petit homme »…
Le 20 octobre 2005, est inauguré « Cosmos », sculpture monumentale onirique créée en 2002, composée d’un anneau d’1,28 mètre de diamètre surmonté d’une créature mythique mi-oiseau et mi-poisson.
Son bestiaire magique s’inspire des enluminures et des chapiteaux romans. Les animaux hybrides et mythiques sont sa marque de fabrique. Ici, les deux symboles dominent le cercle du cosmos et assurent l’équilibre des forces du monde vertical et horizontal.
Cette œuvre est érigée au centre de la cour intérieure de la résidence niortaise « Saint-Vaize », ancien hôtel particulier du XVIIème-XVIIIème siècle.
Divers films et ouvrages sont consacrés à son œuvre. La télévision française tourne un premier film en 1982.
En juin 2018, est tourné au cœur du Marais Poitevin un documentaire sur l’artiste, créateur du concept et théoricien de l’« Elastogenèse »*, l’occasion de renouer avec les lieux d’inspiration de son passé. Bengale TV, l’équipe parisienne de production audiovisuelle à l’origine du premier volet filmé dans son atelier parisien, a suivi le plasticien pendant trois jours en barque pour une installation éphémère d’œuvres en résine fibrée ou inox, dans les arbres ou sur l’eau, dans le marais de Saint-Georges-de-Rex, Saint-Hilaire-La-Palud et La Garette.
*Tout le contraire de l’enkystement permettant à l’artiste de sortir des académismes, d’exprimer des émotions, d’« exciter l’œil, réveiller l’esprit » au travers de ses œuvres.
Le Manifeste de l’Elastogénèse selon Richard Texier